
Tokyo Mentale #18 aka H-34 fait partie des numéros Hors-Séries qui seront programmés à intervals réguliers jusqu’à la fin de la saison 2022/2023 sur l’antenne de Radio Pulsar.
Il s’agit d’émissions plus bavardes qui abordent toutes sortes de thèmes en lien, mais plus en profondeur, avec l’imaginaire, le son en général, les mangas, la J-Pop au sens large, les animés et les films d’animation japonais.
Pour ce premier numéro du genre, j’ai abordé mon rapport au son dans le cinéma au travers de l’émission Sonokino diffusée le mercredi soir sur Radio Pulsar.
J’explique comment j’ai fait la connaissance de l’oeuvre de Wendy Carlos qui a composé la bande originale de Tron en 1982 mais aussi d’Orange mécanique et Shining.
J’ai fait un parallèle entre ce que je tente de faire avec Tokyo Mentale et la manière dont Wendy Carlos et Vangelis composent les bande originales. Ce lien c’est le design sonore. C’est le fait de ne pas juste faire de la musique de film illustrative mais de transcender cette musique pour en faire une composante sonore intimement mêlée aux autres sons du film.
Tokyo Mentale n’est pas qu’une émission qui diffuse une playliste de morceaux, c’est d’abord un son, une signature sonore. C’est du moins ce vers quoi je tends. C’est aussi une manière de raconter une histoire.
Tron sans Wendy Carlos et Blade runner sans Vangelis, ce n’est plus du tout la même expérience.
Blade runner 2049 de Denis Villeneuve sorti en 2017 et Tron Legacy sorti en 2010 sont là pour le démontrer. D’un côté des oeuvres originales totales, des quasi expériences synesthésiques, de l’autre, des films blockbusters génériques tels que l’industrie du cinéma américain en produit par wagons chaque année.
D’un côté pour Blade runner 2049, Hans Zimmer qui tente de reproduire le travail de Vangelis sans y parvenir, de l’autre pour Tron Legacy, les Daft Punks qui essaient de faire croire que leur musique a quoi que ce soit de futuriste et qui ne sont au final qu’un argument marketing pour vendre cette fausse suite pleine de CGI’s hideux.
Ensuite, j’ai abordé mon rapport aux animés et à leur bande originale et notamment celles composées par Yuji Ohno, principalement pour Captain future (Capitaine Flam) et Cobra. Le fait que l’irrespect ou l’incompréhension des oeuvres originales par les décideurs des chaînes de télévision de l’époque a abouti à une amputation de ces oeuvres de leur composante la plus importante, la musique.
J’ai évoqué l’idée que cette amputation a été un manque pour la génération d’enfants qui a découvert les animés japonais dans les années 70/80, manque comblé par des génériques frisant l’amateurisme et la bêtise que l’on doit à Dorothée et sa bande et au cynisme d’AB productions, notamment.
Ce qui a d’abord intéressé les programmateurs des animés japonais sur Antenne 2 puis TF1 c’est de trouver des contenus très peu chers pour créer des émissions jeunesses et se démarquer de la concurrence. Ensuite, le Japon étant très peu connu en Occident dans ces décennies-là a amené les producteurs à prendre des libertés avec ces oeuvres soit par manque de références à la culture nippone soit par manque de respect.
La création de génériques “originaux” en français a été une manne en terme de droits d’auteurs pour les auteurs de ces génériques, puis AB productions et enfin Dorothée. Il faut savoir aussi que jusque dans les années 2000 les Japonais ne se souciaient pas beaucoup de marché extérieur, la quasi-totalité de leur production mangas et animés étant pour le marché domestique.
C’est pour cette raison que j’ai un peu de mal avec les personnes qui se réclament de la Génération club Dorothée et que ça me fait mal de voir des gens ovationner un type sans talent comme Bernard Minet au son d’un “Les chevaliers du zodiaaaaqueu !” ou d’un “Bi.O.man, Bi.O.man !”
Si tout a commencé avec Dorothée tout a aussi fini – mal – avec elle et sa machine à décérébrer sur TF1.
J’ai aussi diffusé la version du générique de Chips, série américaine emblématique des années 80, réarrangé par Yuji Ohno lors de sa diffusion au Japon.
Liens:
Sonokino – spécial Wendy Carlos
Dans cette émission j’ai également présenté ma manière de travailler en détaillant le matériel que j’utilise et le concept de studio “coin de table” qui remplace, chez moi, le Home studio.
Mon entité de production s’appelle ramn「ラメン:UP!」pour Ra.dio Men.tale U.nité de P.roduction!
C’est un netlabel qui produit pour différentes sous-entités dont 東京メンタル/TokyoMentale est la seule mise en avant pour l’instant.
Un studio “coin de table” est un ensemble de dispositifs, compact et transportable, permettant de produire facilement vite et n’importe où, de la musique, un podcast ou une émission de radio prête à diffuser.
ramn「ラメン:UP!」 se compose d’un ordinateur portable et d’un sampleur-séquenceur de la série SP404 de chez Roland, d’un casque Bayerdynamic et d’un enregistreur portable Zoom.
Je n’ai besoin de rien d’autre.
Le laptop est animé par la distribution Debian Bunsenlabs Gnu/Linux et j’utilise Audacity comme logiciel pour produire et finaliser mes productions sonores.
La Roland SP404 mk2 me permet de “styler” le son, de lui donner une texture, un grain, via ses nombreux effets. C’est aussi un moyen portable, léger et autonome de jouer mes productions en live.
Le casque Bayerdynamic me permet de me passer d’enceintes de monitoring. C’est un casque professionnel dont le rendu est neutre.
Quant à l’enregistreur Zoom, c’est un petit appareil audio-numérique me permettant à la fois de faire de la prise de son réelle ainsi que d’enregistrer n’importe quelle source sonore. Il est aussi capable de faire office de carte-son et me permet de me passer d’une table de mixage.
Après présentation de mon univers de production, j’ai proposé aux audionautes de créer durant le temps de l’émission un re:mix d’un morceau pris sur Youtube pour illustrer ma façon de travailler les contenus de Tokyo Mentale.
Ma méthode de travail est très simple.
J’utilise Youtube comme un fournisseur de sons et de morceaux de musique.
Les sons pour mes propres productions et les morceaux comme contenus pour Tokyo Mentale soit en tant que tel, soit de plus en plus, comme supports de re:mixes.
J’aime avoir des versions différentes de certains morceaux que je diffuse.
Pour ripper le son des vidéos de Youtube j’utilise un script dans un terminal du nom de YT-DLP.
À l’aide d’une commande de type:
yt-dlp -x –audio-format mp3 ADRESSE.DE.LA.VIDEO
yt-dlp, c’est le script en python qui rippe ce que je lui demande.
-x c’est pour extraction audio uniquement
–audio-format mp3 c’est pour indiquer au script quel fichier audio je veux au final. Ça pourrait aussi bien être du .wav, du .flac ou encore .ogg.
Le script extrait l’audio de la vidéo sous la forme d’un fichier mp3 de la meilleure qualité possible que je peux ensuite travailler dans Audacity. Le son sur Youtube dépend de la qualité dans laquelle la vidéo a été encodée.
YT-DLP est multiplateforme.
Sous Android on peut utiliser Newpipe – https://newpipe.net/ – qui est un client open source pour Youtube, c’est-à-dire une application qui permet d’afficher le contenu des pages Youtube sans tous les scripts qui traquent l’utilisateur et sans l’algorithme de suggestions qui oriente les recherches. Cela permet de se passer de l’utilisation de l’application lourdingue et invasive de Youtube et en plus de ripper n’importe quelle vidéo d’un simple clic.
Pour vous donner une idée de ma façon de travailler, vous pouvez écouter l’émission du 10 février qui est disponible en podcast et faire la comparaison entre le morceau original:
et ma version diffusée en fin d’émission:
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